Ceci n’était pas une nouvelle, mais ça s’est quand même retrouvé en manchette: le Québec est plus pauvre que le Canada.
À partir du moment où vous savez que le soleil se lève à l’est et que la pomme est un fruit, vous devriez également savoir que les Québécois ont des revenus, en moyenne, plus faibles que ceux de l’ensemble des Canadiens. Et qu’il n’y a que les provinces maritimes qui permettent à leurs citoyens de gagner moins qu’au Québec.
Pour un bon survol de ces données fraîchement pressées du plus récent recensement, je vous invite à lire le camarade Pierre Duhamel, de L’Actualité.
J’aimerais vous souligner, par contre, l’extraordinaire outil développé par CBC: une carte interactive des grandes villes canadiennes (dont Montréal et Québec) sur laquelle on peut naviguer code postal par code postal et y constater pour chacun, le revenu médian et le revenu moyen.
Il en ressort des choses extraordinaires, par exemple, l’écart intersidéral de revenus entre un coin de rue et un autre, ou presque. Dans le haut de Westmount, le revenu moyen des ménages atteint 196 426$, l’un des plus élevés au Canada. Seulement 5 coins de rue plus bas, plus ou moins 1 kilomètre au sud, dans une section de Saint-Henri, le revenu moyen diminue de 173 198$! Cinq coins de rue plus nord de la même zone de haut confort, dans le cœur de Côte-des-Neiges, l’écart dépasse les 175 300$!
Cet état de fait illustre mal ce qu’on qualifie pourtant comme l’une des sociétés les plus égalitaires. La carte démontre plutôt que Montréal, avec Toronto, est la ville la plus inégalitaire du Canada.
Autre curiosité, sous forme d’énigme: dans quel quartier retrouve-t-on le revenu médian (celui à partir duquel la moitié gagne plus et l’autre moins, différent de la moyenne) le plus bas dans tout Montréal? Réponse: sur le campus de l’Université McGill, ce que les Montréalais appellent le Ghetto McGill. Normal, puisqu’on y retrouve les résidences étudiantes de l’institution, où vit une faune estudiantine en moyenne pas mal plus en moyens que la moyenne des ours. C’est juste qu’elle travaille peu, la carte Platine de papa compense aisément. Autrement dit, le quartier le pauvre du Canada est possiblement l’un des plus riches aussi. Paradoxe.
Je vous entends me le réclamer: et à Québec? Bien, au village, le quartier affichant les revenus moyen et médian les plus élevés ne ferait même pas le top 20 de la région montréalaise, et c’est la néanmoins très belle cité de Sillery, avec une moyenne de 81 353$ par ménage.
Ailleurs au Canada, il est intéressant de noter qu’à Vancouver, pourtant réputée pour son coût du logement exorbitant, aucun quartier n’obtient un revenu moyen plus élevé que plusieurs secteurs de Montréal. À Toronto, le quartier huppé par excellence présente un revenu moyen de 227 000$ (près de Lawrence Park), et le plus pauvre, 18 086$.
Une dernière curiosité sous forme d’énigme : comment les libéraux de Philippe Couillard défendront leur autorité en matière d’économie lors de la prochaine élection, alors que tout au long de leur règne à la tête du gouvernement, les revenus médian et moyen des Québécois ont connu une croissance inférieure à presque tout le reste du pays?
